Comme un besoin de changer d'air ... Nous sommes donc partis à la découverte d'une contrée inconnue, l'Alxa. Bienvenue dans le Ningxia et la Mongolie Intérieure.
Comme déjà dit, nous avons dû reporter nos vacances dans le Qinghai suite à des soucis de santé. Mais, je vous rassure que nos petits couacs de juin sont derrière nous. Gilles a retrouvé sa forme olympique et son corps d'athlète se construit jour après jour. Il a même dégotté un prof de ping-pong. C'est pour vous dire comme il se projette déjà au TT Saint-Georges avec ses copains du ping (niveau C4 ?). Cependant, ce deuxième été sans voir nos familles et amis nous semble long, très long et surtout trop gris ... Comme en Belgique, le temps est maussade. Les inondations ont également touché de nombreux foyers en Chine. Les pluies sont diluviennes et journalières. On est en manque de ce ciel bleu qui caractérise Pékin ! Non, non, non ... Ne rigolez pas et croyez-moi. C'est l'un des aprioris que j'avais avant d'arriver ! J'avais l'image de Pékin véhiculée dans les JT avec cette pollution, ce ciel si bas et gris (qu'un canal s'est pendu) ... Finalement, la luminosité et le ciel bleu éclatant ont été mes premières bonnes surprises. Bon, la météo de 2021 n'est pas à la hauteur des premières années mais c'est un ressenti général dans les quatre coins de la planète. Pour couronner cet été à Pékin, le chiffre de "jours consécutifs sans covid" est passé de 179 à ZERO ... Et c'est rebelote pour les restrictions draconiennes encore plus fortes que celles connues. Des millions de personnes sont bloquées dans leurs appartements pour des quarantaines (21 jours) sans mettre l'orteil sur le seuil de la porte. Des foyers apparaissent un peu partout dans le pays. Le stress est flagrant et la peur du variant Delta est palpable. La rentrée scolaire est encore reportée de deux semaines ... Aurons-nous une année sans home schooling ? Gilles est de nouveau en homeworking. Bref, c'est la merde 💩 mais on garde le sourire car nous sommes chanceux. Je reviens sur mon classique laïus : amour, famille, santé, humour, résilience, patience, prudence et beaucoup d'amis of course ! Allez, j'arrête mon chapitre drama pour vous emmener ailleurs ...
On a vite oublié le stress de Pékin en arrivant à l'aéroport de Yinchuan, la capitale du Ningxia, la plus petite région de Chine (deux fois la superficie de la Belgique). Il s'agit d'une des cinq régions autonomes de Chine. Selon les échanges avec les locaux, leurs pouvoirs sont quand même limités vu que "Pékin" possède un droit de veto sur leurs décisions ... Bref, revenons à nos moutons et à notre arrivée à l'aéroport ... Une fois le sésame obtenu pour passer la gate (sans prob pour le triple A, un peu plus compliqué pour Gilles qui a dû y laisser quelques empreintes digitales à l'encre rouge), nous avons été plongés dans une autre ambiance : soleil, ciel bleu, chaleur sèche. Notre jeune guide, Chastai, nous accueille avec un grand sourire et un chaleureux "Sain Bainuu". Eh non, pas de Ni Hao ... car notre guide vient de Mongolie Intérieure. Les paysages défilent avec une musique aux sons envoûtants (j'ai la playlist si cela vous intéresse). Que les vacances commencent. Après un bol de nouilles, nous découvrons le Mausolée de la dynastie des Xia de l'Ouest (appelée aussi l'Empire Tangoute). Nous sommes impressionnés par la taille de ce musée relatif la culture des Xia de l'Ouest (1038-1227). De nombreuses pièces sont reconstituées pour mieux comprendre leur style de vie et culture avant l'invasion par les Mongols sous Gengis Khan. On peut également voir les influences artistiques du Tibet et de l'Asie centrale. Cependant, ce qui est le plus étonnant après avoir parcouru un tunnel sous-terrain d'un kilomètre, c'est le site qui s'offre à nous. Il couvre cinquante kilomètres carrés et compte neuf sépultures impériales et 250 tombes subordonnées de formes et tailles variées. Les tombeaux ont des allures de ruches géantes et sont répartis au milieu de cette énorme plaine aride avec en toile de fond les Montagnes Helan (Helan Shan). Ces vestiges d'un autre temps sont également appelés les Pyramides de Chine. Elles ont été découvertes par hasard par des soldats lors de travaux d'excavation. Depuis, les archéologues ont fait de nombreuses investigations et particulièrement près du Mausolée trois qui serait celui de Li Yuanhao, l'Empereur fondateur des Xia de l'Ouest. A l'origine, ce sanctuaire haut de 23 mètres avait la forme d'une pagode octogonale en bois à sept niveaux. A ce jour, seul son coeur de pierre subsiste. Nous nous sommes baladés sous un soleil de plomb et sans ombre à la découverte de ces étranges bâtiments. Le calme est juste rompu par des avions militaires en plein entraînement. Impressionnant.
Nous prenons la route vers la Mongolie Intérieure, la Ligue d'Alxa (Alashan) pour être précis. Elle est située à l'extrême ouest de la province de Mongolie Intérieure. C'est une des régions les moins peuplées de Chine et où les traditions mongoles sont encore ancrées. Alxa signifie terre colorée en mongol. Cette définition nous plaît déjà. En chemin, nous croisons des centaines de chameaux, moutons, chevaux. On passera également près des vestiges de la Grande Muraille qui a un style différent de la Pékinoise. Le dépaysement est total sur ces routes sans fin entourées de plaines arides. Au loin, nous apercevons le désert d'un côté et les montagnes escarpées d'Helan de l'autre. Nous prenons nos quartiers pour deux nuits dans la ville de Bayanhaote. Après un super repas, nous découvrons la vieille ville illuminée et ses remparts. Avec le coucher de soleil, c'est splendide. Arnaud est un peu fatigué et râle pour marcher. Cependant, Chastai a trouvé la parade. Après avoir écouté quelques solos de batterie, il nous emmène vers le paradis des enfants. Une piste d'autoscooter à ciel ouvert. La place est énorme et il y en a pour tous les goûts : robots, chars chinois, trains ou juste voitures. Les enfants s'en donnent à coeur joie avec les freins à mains ! Vas-y que je fasse des tours sur moi-même. Les deux kilomètres pour retourner à l'hôtel se sont faits dans la joie et bonne humeur. Ouf !
Nous avons passé une bonne nuit dans notre hôtel "style Shining". L'accueil un peu glacial, les couloirs interminables, les tapis rouges, les portes style Louis XV, ... Alex s'est pris une passion pour Stephen King et l'horreur depuis quelques mois. Il a adoré inspecter les lieux. Aujourd'hui, un super programme nous attend. Nous allons d'abord visiter un magnifique monastère bouddhiste tibétain, le Guangzong Si. Il est logé au pied des Montagnes Helan à une altitude de 2000 mètres. C'est un petit joyau coloré. On y retrouve différents styles d'architecture ainsi que des influences bouddhistes, mongoles et chinoises. Il a été construit au XVIII ème siècle. A son apogée, deux mille moines y vivaient. Il est connu car la dépouille du sixième Dalaï-Lama (selon les rumeurs, le plus romantique) se trouve dans une stupa d'or trônant dans la salle de prière principale. Malheureusement, il a été détruit pendant la révolution culturelle et a donc été restauré. Devant le monastère se trouve huit stupas blanches qui représentent les moments importants dans la vie de Bouddha. Un moment, Chastai nous raconte également la légende du cheval du vent (wind horse). Le cheval est un symbole de bien-être et de la chance dans la vie. Si le cheval du vent vole vite et très haut, votre vie ne sera que meilleure. Sur les drapeaux de prières, on retrouve ce fameux cheval. Nous avons adoré les couleurs et l'ambiance de ce temple. Nous retrouvons les cinq couleurs traditionnelles faisant référence à des éléments de la nature ou à des notions telles que le calme, la pureté, l'harmonie, l'humilité, ... Nous avons assisté aux prières des moines. Moment spirituel.
Après, nous avons rendez-vous avec la montagne, la vraie ! Pas celles avec des hauts-parleurs, des téléphériques, des escaliers de pierre, ... juste celle avec un chemin de terre ! On prend un petit bus dix minutes et puis l'ascension commence. Bon, on a quand même droit pendant trois kilomètres à des escaliers de bois. Alexandre n'est pas en grande forme et râle car il n'aime pas ce chemin balisé. Arnaud, lui, passe à travers tout sauf l'escalier. Il gambade dans les bois. Après une heure, on se retrouve au milieu d'une énorme clairière. Des groupes de Chinois nous proposent de partager leurs repas. On fait la séance de photos avec eux mais on prendra notre pique-nique plus haut. On continue notre ascension et croisons moins de monde. On replonge dans nos souvenirs quand nous allions à la montagne en France ou Suisse. Bref, le bonheur. Il fait super beau et calme. On reprendra un peu d'énergie et on informe Chastai qu'on veut aller jusqu'au sommet. On a motivé les petits et ils sont d'accord. On passe par une forêt. Gilles repère une pierre et prend la pause du lion. Quelques fous rires bienvenus avant la dernière montée. L'air de rien, c'est pas si simple sauf pour Arnaud qui galope (rien à voir avec la veille) et qui monte tout d'une traite. Gilles, Alexandre et moi adoptons la stratégie "je fais des petits zig-zags pour une montée moins pentue". Bref, j'arrive au sommet dix minutes après Arnaud qui a été acclamé par les Chinois. Après quelques photos aux poses travaillées, nous profitons du moment. C'est juste splendide. Les Montagnes Helan sont majestueuses. Nous sommes à 3.300 mètres d'altitude, quasi le plus haut sommet des Helan Shan. L'ambiance se prête à la méditation. Les cheveux au vent, la vue à 360 degrés, le son du silence, les couleurs de l'aobao, ... Ah oui, l'aobao, c'est quoi ? Aobao signifie amas. Si vous regardez les photos, vous verrez une sorte de monticule de pierres à trois niveaux avec de nombreux drapeaux colorés. C'est un lieu de culte pour la nature, le beau temps, les bonnes récoltes, la paix, la sécurité des humains et des animaux. Il est souvent localisé sur les sommets des montagnes. Les croyants tournent autour. Certains sacrifices sont réalisés lors de cérémonie. Chastai a également donné aux enfants des petits papiers carrés colorés. Ils doivent les faire voler le plus haut possible à l'aide du vent. Pour nous, c'est une pratique spéciale de lancer des papiers mais c'est culturel. En effet, des milliers de petits carrés se trouvent sur le sommet de la montagne. Arnaud et Alexandre ont adoré cette tradition. Nous sommes restés un très long moment au sommet à admirer ce paysage grandiose.
Lors de la descente, on se rend compte qu'on sera trop tard pour prendre le bus. Nous devons donc emprunter un autre chemin après la première clairière. On sentira les trois kilomètres supplémentaires ... Alex a le moral à plat, son "wind horse" est bas. En plus, il s'est fait piquer la fesse par une guêpe, rien ne va plus. `Son T-shirt hyper coloré attirait les insectes 😉 C'est vrai qu'on n'a pas ménagé les enfants avec cette balade. Pour les motiver la dernière heure, je leur promets qu'on ira refaire un tour en autoscooter. Cette fois-ci, on les accompagnera. Les larmes séchées, on arrivera à bout de ces quasi 20 kilomètres et 1250 mètres de dénivelé. Arnaud aura gardé sa motivation et la pêche jusqu'au bout. Nous sommes impressionnés par nos fils et leur détermination. Comme on leur rappelait, cette balade est la deuxième plus compliquée de leur vie après le volcan Hibok Hibok de Camiguin (Philippines)
On décide d'enchaîner le repas sans passer par l'hôtel. Si on se pose, on ne décollera plus. Du coup, on admire le coucher de soleil sur la ville de Bayanhaote. On s'improvise des poses photo "je touche le soleil". A ce moment, je suis au téléphone avec mes parents qui vivent notre soirée à distance. Vive la technologie. Ensuite, on marche encore un peu pour atteindre la promesse du soir : la place illuminée avec les petites voitures. Cette fois-ci, Gilles et moi accompagnons les enfants. On a bien rigolé même si j'ai eu des frayeurs qu'un petit train ou un tank me rentre dedans. Il y a de la musique à fond la caisse dans les autoscooters. Retour en enfance. Les petits gèrent. Moi, je fais des tours tranquillement. Chastai négocie un second round pour les enfants. Ils sont aux anges. Lors du retour vers l'hôtel, nous assisterons également au spectacle son et lumière sur le lac de Bayanhaote. Quelle belle journée qui restera gravée dans nos têtes.
Le lendemain, nous visitons brièvement le musée de Bayanhaote. Le temps d'inscription est plus long que la visite ... Vas-y que je sorte mes 3 QR codes ! Mention spéciale au taxidermiste et à son travail 😅 Après, nous allons dans un autre temple avec des moines qui ont l'air super cool. De nouveau, des couleurs, des chants, des moulins à prières, ... Et on est tout seuls ! Quelle quiétude. Arnaud a le regard attiré par les gougouilles données en offrande. Pas touche ! On finit la matinée par un bol de nouilles et un ganbei pour Gilles. Un Chinois parlant un peu anglais vient nous trouver pour nous poser des questions. Il invite Gilles à sa table pour partager quelques verres avec ses copains.
C'est après cet échange sympa que nous disons au revoir à Chastai. Nous continuons notre périple avec Laurent, l'un des fondateurs de l'agence Dragon Caravan. Nous troquons notre monospace contre une Toyota Prado. A très bientôt pour vous conter notre trip dans le Désert de Tengger.
PS : Merci à Laurent et Airun de Dragon Caravan pour les informations sur la culture mongole. J'ai écrit cet article en écoutant la playlist partagée par Chastai. Vous pouvez également découvrir la chanson "Aobao xiang hui" qui raconte l'histoire d'un RDV amoureux près de l'aobao ❤️
Pour le titre, j'ai choisi Dust in the wind de Kansas en pensant au wind horse, aux petits papiers virevoltant, ... mais aussi à nous, petite poussière dans l'immensité de la nature. Profitons du moment tant qu'il est encore temps !
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