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Highway to hell

Partir en vacances dans un pays à la stratégie "zéro covid" n'est pas une sinécure. Cette fois-ci, on a joué - on a perdu ! Bienvenue dans la jungle du Xishuangbanna

 

Nous vivons depuis plus de deux ans avec ce virus. Nous ne sommes plus revenus près des nôtres depuis décembre 2019. Depuis fin 2021, la tension monte exponentiellement à Pékin. Les Jeux Olympiques commencent dans une dizaine de jours mais Omicron s'est invité à la "fête". Chaque jour apporte son lot de nouvelles mesures : homeschooling jusqu'au 21 février (and much more ?), des districts en zone à risques élevés, des tests Covid massifs, des tests si tu achètes certains médicaments (dont des pastilles pour la gorge ou du dafalgan), ... Il ne faut pas tomber malade ici. Certains se sont aussi retrouvés pendant 14 jours enfermés dans leurs maisons (avec un capteur sur la porte) car ils ont reçu un colis de l'étranger ... On conseille donc d'ouvrir ses colis "étrangers" en extérieur avec des gants, masques et du désinfectant. Chaque jour, on se demande ce qu'ils vont trouver comme nouveauté. En fait, on remarque qu'on devient fatigués et l'optimisme est des fois compliqué à (re)trouver. Ce sont les mois de trop mais on a une échéance et de nouveaux projets dans quelques mois. On s'y accroche car nous serons de retour sur le territoire belge le 24 juin. On verra comment on gère les premiers jours chez nous mais je n'arrête pas de m'imaginer les retrouvailles avec ma famille et amis. On pense à vous. On vous ♥️ !

 

Allez, retour sur cette fameuse aventure dans le Sud Ouest Chinois. L'année passée, nous nous étions évadés dans le Nord du Yunnan pour passer notre premier Noël sans nos proches. Cette fois-ci, c'était un peu l'hésitation et tout s'est fait dans le rush. Nous sommes passés de l'idée de la mégapole de Shanghai (mais qui avait deux cas Covid ... et donc une astérisque sur le healthkit) au soleil du Xishuangbanna (où jamais eu de cas Covid !). Donc, le 18 décembre, on bookait notre vol pour partir du 22 au 28. Je vous vends la mèche mais on a joué les prolongations. Cependant, commençons par le commencement et bienvenue au Xishuangbanna (Sud du Yunnan) qui signifie "Terre des 12.000 rizières" en langue Dai.

 

Nichée aux frontières du Laos, du Myanmar et du Vietnam, cette région tropicale vous transporte loin du stress de la capitale pékinoise. Sa nature luxuriante, sa chaleur humide, ses forêts tropicales, ses champs de cannes à sucre, ses palmiers, ses marchés débordant de fruits colorés, ses temples, ses éléphants, ses champs de thé, ses 14 minorités, ses sourires vous plongent dans une autre culture. Ici, on entend surtout parler une langue étroitement liée au thaï. Bref, c'est parti pour des vacances à la cool. Nous avions promis cela aux enfants (après les nuits en tente en altitude et les visites des temples de l'Amdo). Vu le contexte, on a décidé de rester dans la même ville Jinghong, capitale du Xishuangbanna (pour éviter les multiples tests Covid), de faire quelques excursions à moins d'une heure trente de route, de profiter d'un bel hôtel avec des activités sportives. Bref, des vacances sans sortir des sentiers battus ... pour ne pas prendre de risque. L'idéal dans cette région est de faire un trek de plusieurs jours et d'aller dormir chez les locaux mais le contexte ne le permet malheureusement pas.

 

Avec notre sympathique guide, Ai, nous partons à la découverte de quelques "classiques" de la région. Lors du trajet, nous découvrons déjà la nature luxuriante mais également les plantations de milliers d'arbres à caoutchouc (hévéas). Notre guide nous explique l'apport économique mais surtout le désastre pour l'environnement et la biodiversité suite à la déforestation. Selon lui, les consciences commencent à changer. Nous arrivons au Parc de la Minorité Dai. Après avoir observé pendant 25 minutes notre guide passer d'un guichet à l'autre, nous redemander nos QR codes, passeports, nous avons enfin nos tickets. Les Dai représentent un tiers de la population du Xishuangbanna. Ils sont adeptes du bouddhisme Hinayana et parle la langue Dai, semblable au dialecte thaï du Nord. L'agriculture est un des secteurs les plus importants. Les dames portent généralement un chapeau et sont vêtues de costumes colorés. D'entrée de jeu, à la chinoise, nous devons prendre le petit bus qui va nous conduire dans ce parc où sont rassemblés cinq villages Dai. Nous visiterons plusieurs temples, observerons les architectures de maisons et les nombreux fruits qui poussent dans les jardins. Les couleurs et l'architecture nous transportent loin des temples chinois. Comme un petit air d'Asie du Sud-Ouest en Chine (par procuration car on n'a pas pu y aller ces deux dernières années). On découvre ici les fameux hévéas avec le tronc coupé pour récupérer le caoutchouc. Les enfants souhaitent gouter les caramboles (star fruit). Il sera coupé directement sur l'arbre et mangé en quelques minutes par les loustics. Personnellement, je n'ai jamais été une fan de ce fruit mais les enfants en redemandent. On se baladera une petite heure dans ce parc. Il n'y a pas grand monde et c'est assez reposant. On appréciera notre trajet de retour en bus avec une chanson allemande un peu pop rock d'Achim Reichel (Aloha Heja He). Belle ambiance à nous quatre. 

 

Nous prenons la route vers le Jardin Botanique. En chemin, nous nous arrêtons pour admirer de nombreuses échoppes colorées. Ça regorge de fruits et légumes. La vendeuse est souriante et sympathique à souhait et nous fait découvrir plein de saveurs. Le coeur d'Arnaud penche pour des morceaux de viande séchée piquante. Alex reste aux fruits. Sur la route, on s'arrêtera une seconde fois mais c'est moins fun. C'est notre premier check point (et malheureusement pas le dernier). De nouveau, pendant une petite trentaine de minutes, notre guide doit transmettre toutes nos informations ainsi que montrer un papier avec un cachet rouge. Cela indique le trajet que nous allons faire, que nous sommes partis avec une agence et que nous avons l'accord des autorités. Bref, il n'est pas de bon goût de partir sans agence ces dernières années. Allez, on relâche la pression et nous voici dans le plus grand royaume de la flore de Chine : le Jardin Tropical Botanique de Menglun (70 km à l'est de Jinghong). Il couvre 1.100 ha et abrite des milliers d'espèces végétales réparties en plusieurs jardins thématiques. C'est bien sûr en mini bus que vous pouvez découvrir ce petit bijou verdoyant. En chemin, nous avons croisé des nénuphars géants, des palmiers impressionnants, des fleurs colorées, des herbes dansantes, des arbres tortueux, un petit labyrinthe. Nous sommes ensuite allés nous perdre dans la forêt aux pierres et dans la jungle luxuriante. Bref, un bon bol de verdure et de soleil en ce mois de décembre. Sur notre retour, nous avons droit à trois arrêts ... Les check points ont poussé comme des champignons. Hum hum. L'année passée, on s'était fait arrêter dans ces régions frontalières pour un contrôle drogue mais bon, on sent l'atmosphère encore différente. La fin de journée se termine par une petite soirée retrouvailles avec nos copains belges (des Ardennais !) avec qui nous passerons la suite de nos vacances.

 

Le 24 décembre, nous restons d'abord à Jinghong pour nous balader dans le Parc Manting. L'entrée est payante et notre guide doit encore s'armer de patience pour gérer l'achat de nos tickets. Il s'agit d'un ancien jardin impérial Dai de plus de 1300 ans. C'est un petit havre de paix (il est à remarquer qu'il y a très peu de monde). Se promener dans ce parc est agréable. En plein milieu de la ville, c'est un véritable poumon vert avec sa nature luxuriante (oui, j'utilise souvent ce mot). Des allées ombragées, des arbres centenaires, des pagodes, des fleurs, des perroquets et même des éléphants ! Arnaud se plaignait car nos amis avaient visité la Vallée des éléphants sauvages et moi je l'avais d'office supprimée en "préparant" le voyage. Mais vu que le Xishuangbanna est "the place to be" pour voir les éléphants, ça tombait bien, on arrivait dans le timing d'un autre spectacle au Parc Manting. Du coup, on a pu les voir jouer au foot, basket, et même faire des massages aux courageux volontaires. Ce n'est pas ce qu'on préfère mais bon, on a vu les éléphants du Xishuangbanna ✅Après le spectacle, nous avons découvert des monuments représentatifs de la culture Dai. Nous avons apprécié l'ambiance autour du Temple de Zong avec son architecture (cascades de toits dorés) qui nous fait voyager loin d'ici. 

 

Après un arrêt gourmand et souriant le long de la route, nous allons nous balader trois heures dans la jungle. C'est assez différent de la jungle de Camiguin (Philippines). C'est un chemin de terre rouge entouré d'arbres et de lianes. A certains moments, nous avons des vues sur les plantations en terrasse de thé. La rando est simple et Arnaud en profitera pour expliquer sa vie à notre guide. Alex, quant à lui, me parlera de ses stratégies de construction Minecraft et de ses projets à venir. On est tous zen au milieu de la nature.  On profite juste du moment. On joue à Tarzan, on essaie de monter sur les lianes. Bon, il y a du boulot pour les Back mais bravo à Ai. Nous passerons par un village habité par la minorité Jinuo, la plus petite ethnie de Chine (avec moins de 18.000 personnes).

 

Sur le retour, nous prenons quelques victuailles 🥂 pour le réveillon. Le chauffeur nous dit qu'il vend également du vin et nous amène dans sa boutique qui est en fait une mini superette. On hésite entre un vin chinois et un bon vieux JP Chenet 😏(grand souvenir de nos années universitaires). Loin de nos familles, on ne fête pas Noël car on n'est pas dans l'ambiance. Cependant, nous avons passé une belle soirée à nous huit. L'hôtel avait préparé un buffet de fêtes. Jeux de société au programme :  Vive les colons de catane et le loup garou. 

 

Le réveil à 8 heures est compliqué pour les petits qui ne voient toujours pas le côté cool (à savoir "on ne fait rien") des vacances. Je les motive en leur disant que c'est la dernière journée de visite avant deux jours de glandouille. Au programme : un marché local et un trek dans une jungle plus sauvage qu'hier avec des endroits à escalader, etc. Je tanne aussi Gilles pour aller voir le fameux marché de nuit de Jinghong. Vu que notre hôtel est excentré, il faudrait reprendre un taxi le soir et on n'a pas encore pris le temps. Après une heure de route, trente minute de check point, nous voilà arrivés sur cet énorme marché hebdomadaire de Menghun. Nous y croiserons de nombreuses minorités dont les Dai, Aini, Bulang et Lahu. On peut les distinguer grâce à leurs tenues différentes et colorées. Des centaines d'étals sont disposés dans un énorme hall ou en extérieur. Vous y trouverez tout : des légumes colorés, des fruits, du poisson, des brochettes,  des spécialités locales, des animaux qui attendent leur dernière heure, et même des vendeurs de dents 🦷! On était un peu les seuls touristes dans ce dédale d'échoppes mais l'accueil était plutôt chaleureux. 

 

Nous quittons nos amis pour faire le trek. Bon, on sent les enfants pas motivés du tout. Ça râle, ça pleurniche, ... En plus, il pleut mais on reste campés sur nos positions. Cependant, pour le plus grand plaisir des enfants, on va se faire refouler à un autre check point. On s'approche de plus en plus de la frontière avec le Myanmar et les contrôles sont serrés serrés ... Du coup, changement de plan : pas de trek mais la visite d'un petit village  où ils fabriquent du papier artisanal. En déambulant dans les ruelles, on découvre les maisons spécifiques avec les toits en tuiles colorées et les dames qui confectionnent le papier. Ce savoir-faire est transmis de mère en fille depuis des générations. En souriant, elles nous invitent à observer leur travail : trempage de la fibre de bois de mûrier, martelage, séchage sur des cadres en bois qu'elles disposent dehors. Ces papiers servent, entre autres, à emballer les galettes de thé Pu'er. La qualité doit être exceptionnelle. On terminera notre journée avec la visite du Pavillon Octogonal de Jingzhen. Construit en 1701 dans le but de réunir des moines locaux haut placés, cet édifice a été détruit pendant la révolution culturelle. Le bâtiment restauré construit en brique et bois mesure 21 mètres de haut. Il est caractérisé par ses nombreux toits symbolisant chacun les préceptes du bouddhisme. A côté se trouve un temple aux peintures très équivoques.

 

Durant cette journée, nous aurons croisé très peu de touristes à part un couple de Français qu'Ingrid connaît. Comme quoi le monde est petit. Les Back décident de terminer la journée culturelle maintenant et de retourner tranquille à l'hôtel. Nos amis nous rejoignent plus tard après une dernière balade. On aura notre dernier contrôle plus poussé avec questions sur nos adresses, l'entreprise de Gilles etc ... On doit même se mettre au bord de la route avant d'avoir le GO de l'administration centrale pour repartir. Ça  commence à peser ces contrôles. On profitera finalement de la fin de journée à l'hôtel : ping-pong, piscine, jeux de société. Le fameux night market, ce sera pour demain.

 

Nous sommes le 26 décembre, c'est la fameuse journée cool et il fait beau ! Les enfants se lèvent plus tard, profitent des infrastructures et nous aussi. Tennis, lecture, nage en eau froide, ... On retrouve aussi des couples de Suédois qui habitent le même compound que nous. On échange sur ce que nous avons visité. Le soir, on va enfin voir ce fameux marché dont tout le monde me parle. On goûte à de nombreuses spécialités locales. On observe les jolies dames qui se sont "déguisées" pour les photos. On s'est fait arrêté de nombreuses fois pour nous proposer de nous maquiller et habiller comme les locaux. Je suis quand même étonnée que ça ne grouille pas de monde. Il faut dire que depuis deux ans, tous nos voyages "Covid" ont cet avantage : pas de foule. C'est peut-être le seul avantage du covid mais on prend le positif dans tout ! On profite de notre dernière soirée avec nos amis qui reprennent l'avion le 27. 

 

Pendant la nuit, je ne dors pas. Je me retourne, je lis, je ne me sens pas à l'aise ...  J'ai comme un drôle de pressentiment.  Petite info, une dame de l'hôtel nous avait dit la veille : "Ne vous tracassez pas mais on vient de placer un check point à la sortie de l'hôtel ...  MEi WENTI 😏 (aucun problème)". Le matin du 27 décembre à 8h00, on reçoit un message d'Ingrid et Christophe nous indiquant que leur avion est annulé mais que c'est le cas de tous les vols partant de Jinghong ... Les joyeusetés commencent ! Nous voilà pris dans un tourbillon de stress. En fait, un étudiant de Kunming (capitale du Yunnan) aurait fait le mur, falsifié les données de son téléphone, pris le train jusque Jinghong, rencontré des personnes "illégales", puis serait retourné dans sa ville avec un petit virus ... (version officielle) Il a contaminé sa famille (genre 3 cas) ... et l'effet boule de neige arrive. Vu que le virus proviendrait de Jinghong, que cette ville est frontalière avec de nombreux pays, que les gouvernements ont peur pour leurs fesses (le gouvernement de Xi'An a été viré suite à leur mauvaise gestion du virus), les restrictions sont lourdes : la ville est mise en lockdown. On reste à l'hôtel sans aucune information. On essaie de changer les vols mais on comprendra vite qu'ils s'annulent d'heures en heures. Une chose est certaine : les vols" Jinghong Pékin" ne reprendront pas avant le 8 janvier ... J'apprends également que deux familles de Pékin revenues dans la capitale après leur séjour au Xishuangbanna sont mises en quarantaine dans leur appartement : 2 semaines enfermées avec un capteur sur la porte ... Voici ce qui pourrait nous pendre au nez. Mais bon, la première chose à faire, ce serait déjà de sortir de cette ville ...

 

Tout le monde est paumé et essaie de grappiller des informations. On se fait de nouvelles connaissances d'un peu partout en Chine. La journée passe doucement mais pas sûrement. On commence à lire les articles, les cas explosent à Xi'An, les nouvelles générales sont assez maussades. Je suis hyper nerveuse, je m'en veux d'avoir pris les enfants dans ce problème. Vu l'arrivée des JO et le fait que la soeur d'une copine a été bloquée 5 semaines à un endroit, je nous vois revenir mi février ... Moi stressée ? Non. Me faire des films ? Non ! Juste une grande crainte de l'incertitude et qu'ici, tu ne sais jamais à quelle sauce tu peux être mangé ! Gilles relativise et est super cool (comme d'habitude). Comme il me dit, on est toujours dans la période de nos vacances 😉

 

Le personnel de l'hôtel nous informe qu'un test Covid massif est organisé. A 17h00, la file est longue. On y retournera à 22H00. Pendant l'attente, une manager de l'hôtel, Serena, se présente à Christophe et Ingrid. Elle nous indique les choses à faire et nos potes prennent directement son contact ! Ce sera la plus grande aide pour nos prochains jours. Nous voilà dans un hall de village avec des panneaux de basket, prêts pour être testés ! Nos 8 tests seront mis ensemble. Pour aller plus vite, ils font des lots (batchs).

 

Le 28 décembre rien ne se passe. On essaie de profiter de notre prison dorée mais les questions n'arrêtent pas de se bousculer. On est également en contact avec des gens qui sont logés au centre de Jinghong. On leur parle d'un deuxième test massif mais rien ne bouge pour nous. Les enfants jouent non stop. Heureusement qu'on est à deux familles car cela facilite grandement les choses. On fait passer le temps avec des jeux de société, des tournois de foot, de ping-pong, de tennis,  ... 

 

Le 29 décembre, au petit-déjeuner, tous les clients ont des têtes de déterrés. On capte les infos à gauche à droite. Un moment Serena arrive et nous informe qu'un test massif a lieu à la gare.  On prend de quoi boire, un peu de nourriture et nous voilà tous partis en navette prêts à attendre quelques heures. On croise des astronautes qui désinfectent la grande esplanade devant la gare. C'est complètement surréaliste. Après trois heures d'attente, on voit quasi la fin ... C'était sans compter sur les passagers d'un train en provenance de Kunming qui débarquent. Du coup, on nous indique qu'ils sont prioritaires et on nous informe aussi d'aller dans l'autre file à 500 mètres de là ... Si près du but ? Non! Les personnes commencent à s'énerver, à crier. La police intervient. Une Chinoise nous traduit un peu ce qu'il se passe. Elle est super sympa et ajoute Ingrid sur un groupe wechat des personnes bloquées dans les hôtels de Jinghong (nous tous quoi). Finalement, 4 heures plus tard, on aura fait notre petit test nez-bouche. Retour à l'hôtel et train train quotidien. Sauf pour Ingrid ! N'ayant pas de médicaments en suffisance, ceux envoyés de Pékin étant bloqués à l'aéroport, elle a dû aller avec Serena dans deux dispensaires. Malheureusement, ils n'ont pas ce qu'elle recherche. La seule solution est d'aller au grand hôpital. Comme la ville est bloquée, il est impossible d'y aller en taxi. L'hôpital dit qu'il va envoyer une voiture. A sa grande surprise, c'est une ambulance qui vient la chercher. A la grande surprise des ambulanciers, c'est une étrangère qui doit rentrer dedans ... Du coup, ils ne veulent pas. C'est donc notre chère Serena qui ira dans l'ambulance lui chercher ses médicaments. Une heure après, elle les a. Victoire !

 

Le soir, on en a un peu marre de manger à l'hôtel (qui commence à avoir aussi des ruptures de stock) donc on va dans un petit resto à hot pot (la spécialité du Sichuan). Le personnel est super sympa mais on sent que nous sommes tous fatigués et stressés par ce climat ambiant. La nuit, ça ne va pas du tout pour moi. Je fais une crise d'angoisse style tétanie (Gilles peut vous imiter mon état. Ça le fait beaucoup rire 😅). Gilles lui est un peu retourné par les épices. Une belle nuit blanche pour le couple Back.

 

Le 30 décembre, on laisse les enfants en paix le matin et ils dorment jusqu'à 11H. Je continue à ruminer. Je me vois faire du homeschooling à partir de la chambre. J'avais dit à Gilles et Alex de prendre l'ordi et le sac d'école mais ils avaient dit no stress !!! Pour me calmer, je lave nos vêtements à la main 😊 Pour une fois que j'avais fait une valise légère ... On reçoit beaucoup de messages de soutien de nos familles et amis (belges et pékinois). Certains ne sont pas très positifs pour nous et nous disent de nous préparer à une quarantaine au retour à Pékin. Du coup, on réfléchit à des plans B ou C. Est-ce qu'on n'irait pas deux semaines à Shanghai le temps que cela se calme ? On téléphone à deux potes là-bas pour trouver des petits apparts mais ce n'est quand même pas la solution idéale. On checke les autres vols avec escales. Tout passe dans nos têtes. Louer une voiture, prendre un train, faire des escales, ... Tous les clients de l'hôtel s'échangent ses plans ... Puis tout tombe à l'eau car les avions s'annulent. 

 

Dans l'aprem, Serena vient trouver les clients de l'hôtel avec une bonne nouvelle. Avec nos deux tests covid, la signature d'une lettre de décharge (dont une phrase indiquant "je ne suis pas allé sur le Marché nocturne de Jinghong du 20 au 25" 😅), on pourrait obtenir un papier avec un gros cachet rouge nous permettant de quitter la ville. Haut les coeurs, l'espoir revient. Les files ne nous font pas peur. On fait des copies de nos passeports et de nos tests (enfin le deuxième car on n'a jamais reçu le premier). On arrive au fameux endroit. La file est longue. On va d'abord chercher un petit papier avec un numéro dessus : 174. Ils vont appeler au fur et à mesure. On commence au numéro 1. Il y a seulement 5 bureaux administratifs. On évalue le temps, sûrement 4 heures donc on va chercher à manger avec les petits et on patiente encore et toujours. Cependant, les moments où tu avances dans les démarches sont tellement plus gais que ceux où tu cogites. On échange avec les étrangers. Un moment le consulat de Belgique nous téléphone car il a appris notre situation. Cependant, on ne peut pas faire grand chose pour nous. Gilles sourit en me montrant un autre message. Nos vols sont bookés pour la Belgique. Le 24 juin 2022, nous serons de retour. Ça nous booste. On approche du but. On se retrouve devant le guichet mais on n'a toujours pas la preuve de notre premier test. Une petite dame court partout et cherche dans un autre bâtiment tous les papiers relatifs à ce test massif. Il y a une pile pour les étrangers. Après 25 minutes, on retrouve notre batch ! Ça sent la fin. Serena se met à côté des employées et complète avec elles les documents. On doit encore remettre nos empreintes un peu partout.  Au fur et mesure, nos papiers se font. Le truc final, c'est d'aller trouver la maîtresse du cachet rouge ! Quatre heures plus tard, nous avons notre papier de libération. Victoire. Nous devons quitter la ville dans les 48 heures ! YOUHOU. On parvient à booker pour le premier janvier un train qui fera Jinghong Kunming puis un vol vers Tianjin ... On informe Ma Jie, notre super homme de confiance qu'il doit venir nous chercher et nous ramener à Pékin ! Entre Tianjin et Pékin, il y a 140 kilomètres de distance et surtout un gros check point ... 

 

Le 31 décembre, nous devions normalement faire une grosse fête avec nos potes à Pékin. La soirée bling-bling, ce sera pour un autre jour (et dire que Gilles avait pour une fois acheté un magnifique costume 😉). Le matin, on s'est baladé avec Ingrid et Manon dans le petit village autour de l'hôtel. Ça  doit être sympa quand il y a de l'animation. Les gens sont très avenants avec nous. Ce jour, on a encore RDV avec les files. On a notre sésame pour sortir de Jinghong mais pas celui pour entrer dans Pékin. En effet, vu le trajet à rallonge pour rentrer au bercail, notre test Covid risque de ne plus être valide (Max 48h de validité). Nous allons donc faire un troisième test. En voyant la file, ce n'est pas 4 heures mais 7 heures qui nous attendent ... Du coup, Serena trouve une autre option en allant directement à l'hosto. Je vous passe les trucs administratifs, les rapports de force entre les Chinois (Ni shi Shei ??? Tu es qui toi ???). En une heure trente, on sortira de cette magnifique salle bleue (vous trouvez aussi que cela ressemble à une boucherie ?) avec notre test fait. Reste plus qu'à récupérer les résultats quelques heures plus tard. Serena nous les amène en fin de journée. On souffle, on a tout ! On la remercie pour son suivi avec un petit cadeau. Sans elle, je pense que cela aurait été très compliqué. Nos contacts qui sont dans le centre sont pour certains encore bloqués.  A l'hôtel, les petits font une initiation à la poterie et on passera un très bon réveillon. Bon, ça fait un peu l'ambiance "Shining". Une grosse partie des clients ont déjà déserté et nous sommes seuls à manger dans cette énorme salle. Soyons fous : des frites et du boeuf au menu, oh yeah ! 

 

Après avoir dormi 5 heures, le réveil du premier janvier 2022 fait mal. On sait qu'on part pour une journée un peu stressante. Chaque étape sera une victoire. J'avais lu le 30 décembre que Tianjin allait durcir ses règles dès le premier janvier. Hum, hum. Gare, 4 heures de train, taxi vers aéroport : OK ✅ D'entrée de jeu, on se fait arrêter à l'aéroport. Un gars en combinaison d'astronaute vient nous chercher, ce qui n'est pas le cas des Chinois. On lui demande pourquoi.  Il ne répond pas. On lui redemande. On essaie de rester calme. A ce moment, une autre astronaute arrive et pointe sa caméra sur nous. Bref, soyons zen. Finalement, après discussion, on nous informe qu'on doit compléter des documents supplémentaires pour les enfants. Allez, c'est reparti pour les questionnaires, les empreintes sur toutes mes réponses (si je venais à mentir). C'est bon, on passe. Au moment d'entrer dans l'avion, ça rebloque. Il faut le QR code de Tianjin, celui de Pékin ne suffit pas. Montée d'adrénaline. Gilles finalise vite cela non sans s'énerver mais on y est. On est tous encore stressés pour la suite. Mais bon, plus on s'approche de Pékin, mieux c'est. Si on doit faire une quarantaine à Tianjin, on pourra toujours se faire livrer nos habits ou autres. On atterrit. On passe les contrôles. Je vois Ma Jie. J'ai quasi les larmes ! Il ne reste que le passage de la frontière entre les deux régions. On se sépare avec nos amis. On espère se voir le lendemain à Pékin ... Nous voici au poste frontière, le gars nous demande nos passeports et nos tests covid. Il nous dit que c'est bon. On n'y croit pas ! La joie éclate dans la voiture. Quel soulagement.

 

En parallèle, Ingrid et Christophe sont bloqués à un autre check point. Après vingt minutes, on leur dit qu'ils doivent retourner à Tianjin. Du coup, ils essaient le même check point que nous. Ça marche ! Tout dépend très souvent de la personne sur qui tu tombes mais cette fois-ci, c'était la bonne. Après une heure de trajet, quel plaisir de retrouver notre maison. On dort comme des loirs sans penser au lendemain car on ne sait pas si notre quartier va nous laisser libre ou en quarantaine. Dès le matin, on va faire un test covid à Pékin. Avec tous les résultats, les papiers, Gilles et Christophe vont trouver notre communauté pour expliquer la situation. Une heure plus tard, la sentence tombe ! Nous sommes libres. On envoie également à l'école le questionnaire demandant où nous sommes allés. Pas de retour. Du coup, les enfants iront à l'école. C'est le soulagement pour nous. Tout le monde n'aura pas eu notre chance. Certains sont restés bloqués une semaine de plus au Xishuangbanna. Quasi tous les autres comités de quartier ont demandé des quarantaines pour les personnes rentrées de Jinghong. L'école française n'a pas accepté les enfants. Tout cela alors que finalement aucun cas n'a été détecté là-bas ... Comme une tempête dans un verre d'eau mais avec des conséquences importantes pour l'économie, le tourisme, ... et le moral des troupes. 

 

Nous avons quand même mis un peu de temps à nous remettre de notre aventure. Je me suis sentie vraiment à l'aise après avoir passé 14 jours à Pékin car on ne sait jamais ici. Il peut y avoir des règles rétroactives. Je vous raconterai un peu dans un prochain article nos débuts de l'année 2022.

 

Je m'excuse pour cet article encore plus long que d'habitude mais j'avais comme un besoin de poser ces quelques mots. 

 

J'ai encore le temps de vous souhaiter une très belle année. J'espère vous faire découvrir quelques coins de Pékin et peut-être de Shanghai qui reste sur notre wish list avant notre retour. En attendant, nous la jouons safe ! J'espère que vous allez bien où que vous soyez. La situation mondiale est complexe. On pense à vous

 

Gros bisous de nous quatre et merci d'être là !

 

PS : J'ai choisi "Highway to Hell" mais ça a basculé rapidement  sur "A toi étoile" de Noir Désir. 

PS2 : Merci à Christophe, Ingrid, Martin et Manon pour leur optimisme à toute épreuve. Sans vous, cette aventure aurait été différente.

PS3 : Je ne peux que remercier mes trois hommes : la force tranquille, l'optimisme et la joie de vivre le moment présent.

PS4 : Merci Wei (Serena, c'est son prénom anglais) pour ton soutien !

PS5 : Lisez l'article du journal Le Monde qui explique la situation d'une manière moins personnelle (émotionnelle?) que la mienne 😉

 

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Les éléphants du Xishuangbanna
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On sent que notre guide a de l’expérience
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Marché hebdomadaire
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Comment faire du papier ?
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Le séchage du papier
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Covidbuster
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Bains publics et lavoirs
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Encore une file avec à la clé le sésame ! Un stamp pour sortir de cette ville
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Initiation à la poterie
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La stratégie "zero Covid" crée des tensions dans le sud-ouest de la Chine
Article paru le 30 décembre dans le journal Le Monde écrit par Frédéric Lemaître
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Commentaires: 6
  • #1

    www.famillekawaii.blog (mardi, 08 février 2022 03:13)

    Je viens de terminer ce long et bel article. Autant de moments forts que de stress vers la fin. Merci pour le partage de toutes ces magnifiques photos on voyage !

  • #2

    AFA (jeudi, 24 février 2022 06:26)

    MErci Rebecca, je viens de le relire aussi. En effet, il est long mais il fallait que cela sorte :-)

    A très bientôt

  • #3

    Florence BOUCARD (mercredi, 09 mars 2022 13:56)

    Bravo pour avoir si bien décrit nos difficultés à voyager et à vivre dans ce pays, même si nous aimerions bien y rester.

  • #4

    CHRISTIAN HELMAN (lundi, 27 juin 2022 21:38)

    bonjour Madame, Monsieur
    c'est grâce à votre papa, Raymond Darchembeau, vétérinaire émérite, que je consulte
    vos périples au pays de Confucius.
    Quelles merveilles ces 12.000 rizières 0,2 % de la Chine (191.939,2 km² ! ) , quelle richesse culturelle cette Chine. Bravo pour les textes qui décrivent vos pérégrinations dans l'Empire du Milieu.

  • #5

    CHRISTIAN HELMAN (lundi, 27 juin 2022 21:40)

    Bonne route pour le Japon où vos nouveaux pénates vous hébergent ou vous attendent.

  • #6

    AFA (mardi, 28 juin 2022 10:31)

    Merci Florence pour ton commentaire. J'espère que tout va bien à Pékin.

    Merci Monsieur Helman, merci pour votre lecture de notre site. En effet, de nouvelles aventures nous attendent encore en Asie en août.