Neuf mois avant notre retour en Belgique ... Le temps de faire un bébé ou de compléter notre bucket list ? On a opté pour la solution la moins contraignante et on vous emmène donc vers une nouvelle destination : l'Amdo.
Ce voyage, on en rêvait depuis des mois. Envie de grands espaces sans les foules, d'aventures, de nouvelles expériences, d'allier culture et nature. Personnellement, je n'ai jamais été aussi stressée avant de partir en vacances mais Gilles y croyait ! Ce voyage qu'on avait dû annuler à cause de son hospitalisation, il fallait le faire mais ... Entre les rumeurs, fausses informations, la crainte de l'apparition de nouveaux foyers de Covid dans les provinces visitées ou encore le fait de devoir faire du homeschooling deux semaines avant de remettre nos enfants à l'école, je n'étais pas à l'aise. Après quelques nuits blanches, des discussions à bâtons rompus, j'ai cédé ! Depuis deux ans, on sait qu'il ne faut jamais remettre au lendemain. It's now or never, tomorrow will be too late. Merci Elvis et Gilles ❤️
Vous connaissez l'Amdo ? Amdo signifie le pays des chevaux et est situé au Nord-Est de la Province "autonome" du Tibet. L'Amdo constitue l'une des trois anciennes régions du Tibet historique. Les deux autres sont nommées l'U-Tsang et le Kham. Le Tibet historique comptait 2.5 millions de kilomètres carrés (un quart de la superficie chinoise). Le redécoupage administratif imposé par la Chine à partir de 1950 a diminué de moitié son territoire. En 1965, suite à la création de la région "autonome" du Tibet, l'Amdo a été rattaché aux provinces voisines : au Qinghai pour la plus grande partie et pour le reste sur une petite portion du Gansu et du Sichuan. Malgré ce rattachement, nous avons pu ressentir pendant ce voyage une forte appartenance du peuple au Tibet et non à la Chine ... Comme lors de notre périple en Mongolie Intérieure, nous avons vécu avec une autre langue et une autre culture. Il n'existe pas une histoire du Tibet mais plutôt deux versions : la tibétaine et la chinoise qui sont fortement opposées. C'est un sujet très controversé et tabou ... Vu où nous vivons, je me contenterai de raconter nos vacances et de vous partager les merveilles de cette région : hautes montagnes, forêts de conifères, plaines verdoyantes, vallées aux torrents limpides, monastères aux toits d'or, camps de nomades. Voilà ce qu'on vous concocte pour vos prochaines lectures.
Après avoir testé la reconnaissance faciale pour trouver mon chemin dans l'aéroport et un vol de deux heures trente, nous sommes accueillis par les Beatles version Covid. Allez, j'arrête mon côté ironique. Nous sommes déjà émerveillés par les paysages que nous voyons de l'avion : montagnes enneigées, plaines à perte de vue, ... Après une bonne nuit à Xining (capitale du Qinghai), nous sommes prêts à explorer cette contrée encore sauvage. Nous avons préparé nos enfants psychologiquement depuis quelques semaines car des visites de monastères bouddhistes et des randos en altitude, il va y en avoir !
Nous sommes accueillis par notre premier guide Tsedor et notre chauffeur Danba. Comme en Mongolie Intérieure, le trajet en voiture invite déjà au voyage grâce notamment à la play-list musicale tibétaine qui nous accompagnera ces douze jours. Entre les envolées lyriques et les instruments inconnus, nous sommes transportés au sens propre comme figuré. En regardant par la fenêtre, nous sommes subjugués par ces montagnes et plaines verdoyantes. On croisera assez rapidement les animaux qui vont nous suivre tout au long du périple : les yaks et les moutons. Ca nous change des chameaux de Mongolie Intérieure. Nous ferons une petite pause à Laji Shan. L'air de rien, nous prenons assez rapidement de l'altitude. Nous sommes déjà à 4188 mètre et il ne fait pas très chaud. Comme d'habitude, nous sommes habillés comme de vrais touristes balnéaires avec mon traditionnel short à palmiers mais rien n'arrête la team pull jaune. Les marchands autour du temple essaient de nous vendre capes ou pantalons mais on ne craquera pas ! Comme dans l'Alxa, c'est parti pour les petits papiers qui volent au gré du vent et les drapeaux de prières qui claquent. Jaune, vert, rouge, blanc et bleu, voilà les couleurs de notre voyage. Pour rappel, ces couleurs font référence aux cinq éléments (terre, eau, feu, air, espace). Les drapeaux sont symboles de paix et d'harmonie. On visitera le monastère en pierre et nous marcherons une trentaine de minutes. On sent quand même les effets de l'altitude avec le souffle un peu coupé mais on s'habituera vite. On a intérêt vu la suite du programme.
Après un premier repas délicieux (vive les patates piquantes), le ciel se dégage et les paysages prennent de nouvelles couleurs. On repense aux Rainbow Mountains et au PingShanHu Grand Canyon du Gansu. Nous entrons en fait dans le Parc National forestier de Kanbula. Les montagnes ont revêtu des couleurs rouges flamboyantes. Nous nous arrêtons quelques minutes devant un lac pour admirer la forme escarpée des montagnes et leur reflet dans l'eau. Cette zone est caractéristique des reliefs Danxia composés de montagnes de grès rouges aux falaises abruptes et aux sommets étrangement érodés. Nous sommes montés jusqu'aux grottes de méditation où les moines et nonnes se retirent plusieurs jours ou mois en ne mangeant qu'un seul bol de riz par jour. De là-haut, nous avons pu voir la diversité de la végétation et des paysages. Nous avons admiré la vue à couper le souffle à partir d'un petit monastère tout coloré. Notre regard a été attiré au loin par une énorme statue non achevée. Un bouddha géant a été érigé mais non terminé ... De là, j'ai dû expliquer le terme corruption à Alexandre. Nous poursuivons notre route jusqu'au Réservoir de Lijiaxia sur le Fleuve Jaune. Le contraste entre le turquoise du lac, le vert des forêts de conifères, le rouge des montagnes, le bleu du ciel et le blanc des nuages est juste splendide. Le parc est réputé pour sa faune et sa flore.
Bref, d'entrée de jeux, nous avons été émerveillés par la diversité des paysages de cette première journée. On aura juste un petit couac pour sortir du Parc National de Kanbula car des travaux de réfection de la route étaient en cours. Nous avons dû attendre deux heures avant que les ouvriers terminent. Cependant, avec les nouvelles technologies et/ou livres, le temps est vite passé. Nous sommes seulement arrivés à 21h00 à l'hôtel. Les assiettes de fruits offertes ont constitué un repas idéal après cette magnifique journée. Nous sommes à Tongren (Repkong en tibétain). Demain, je vous emmène découvrir la vie des monastères bouddhistes.
Les villages et temples de la région de Tongren (Repkong) sont réputés depuis des siècles pour la production de statues peintes et de tankas (plusieurs orthographes possibles). Ils seraient parmi les plus beaux du Tibet. Tanka signifie "chose que l'on déroule". Il s'agit de peintures portables sur toiles de toutes les tailles. Ce sont de véritables oeuvres d'art très codifiées. Les tankas peuvent représenter des mandalas, des divinités du bouddhisme, ... Ils sont souvent réalisés sur commande pour des occasions particulières. Ils ont pour objectif d'écarter la souffrance, d'obtenir bonheur et longévité ainsi qu'une existence heureuse après la mort. Bref, des tankas, nous en avons vu des centaines avec quelques coups de coeur mais pas d'achat !
Nous commençons la journée par la visite du Monastère de Longwu (Rongwo Gonchen Gompa). Nous sommes directement plongés dans la culture bouddhiste. Nous avons déjà vu de nombreux monastères en Chine, que ce soit à Pékin, au Yunnan, en Mongolie Intérieure, ... Cependant, nous n'avons jamais ressenti une telle vie et ferveur. Quasi tous nos sens sont en éveil. Nous observons ces centaines de pèlerins qui pratiquent la kora (circumbulation). Il s'agit d'un rituel qui consiste à tourner autour d'un lieu saint dans les sens des aiguilles d'une montre. Ils peuvent tourner autour d'un lieu naturel (montagne, lac) ou un lieu construit par l'homme (temple). Il s'agit souvent d'une activité collective. Mon regard est attiré par une dizaine de femmes qui lavent des petits pots. En nous approchant du monastère, je vois des mamans, bébés sur le dos, remplir d'eau des centaines de bols. Plus loin, d'autres les vident ... L'eau est symbole de pureté. Elle est l'une des offrandes principales. A l'entrée de la salle de Manjsusri, des paires de bottes jonchent le sol. A l'intérieur du temple, les moines psalmodient des sutras. Ce monastère compterait cinq cent moines. Ils ont des coiffes jaunes indiquant qu'ils appartiennent à la secte tibétaine de Gelug-pa, aussi connue sous le nom de "secte des bonnets jaunes". Il s'agit d'une école fondée au XIV ème siècle par Tsongkhapa. Le Dalaï-lama en est d'ailleurs issu. Ce mouvement prône une rigueur intellectuelle stricte afin de comprendre le vide pour atteindre la plénitude.
Pendant que les moines prient, les fidèles exécutent des génuflexions. Je ne connais pas le terme exact. En fait, c'est une sorte de burpees (sans le jump). Munis de protections sur les genoux, coudes et mains, ils s'agenouillent puis glissent en position couchée et se relèvent. Ils font cela des centaines de fois. Un exercice physique et spirituel. Nous avons été impressionnés car à certains endroits, le parquet garde les traces des frottements. Cet exercice de prière peut être exécuté partout même sur la route ... on en a même vu le long de l'autoroute. Des planches en bois ou des dalles en pierre sont également posées devant les monastères pour que les fidèles exécutent leurs prières. C'est la première fois que je voyais cela. Dans les salles, les statues et tangkas sont de toute beauté et très colorés. Les offrandes sont nombreuses. Notre odorat est également interpellé par une odeur étrange. Comme dans beaucoup de monastères tibétains, des statues sont réalisées avec du beurre de yak ainsi que les bougies.
Nous avons apprécié nous balader à travers les ruelles de cet immense monastère (100 hectares). Nous y avons rencontré des gens de tout âge, assez souriants. C'était très vivant. Pour rejoindre le parking, nous avons longé les centaines de moulins à prière que les pèlerins tournent en réalisant leur kora. Nous avons vraiment été impressionnés par la ferveur de ce monastère.
Notre prochain stop sera le Monastère de Wutun (Shangge Shong), situé à la sortie de la ville de Tongren (Repkong). Contrairement à Longwu, nous étions seuls. Calme et quiétude pour découvrir cette référence de l'art tibétain et des tankas. Malheureusement, les photos intérieures sont interdites et donc vous devez juste nous croire si on vous dit que c'est magnifique. Ici, j'ai adoré les couleurs éclatantes des portes, des couloirs de moulins à prières. Ces couleurs sont en parfait contraste avec le blanc des huit grands chortens. Ce monastère est composé de deux entités : le monastère supérieur et le monastère inférieur. Les deux abritent des écoles d'art tantrique. Les oeuvres d'art réalisées sont d'une qualité exceptionnelle et inscrites à l'Unesco.
Après cette matinée sous le signe du bouddhisme, nous partons vers une nouvelle destination. En fait, nous changeons de province pour aller dans le Gansu. En chemin, nous nous arrêtons dans un village pour acheter du pain et du yaourt au lait de yak en guise d'apéro. Après un bouchon causé par des moutons sur la route, nous mangeons un petit lunch dans un resto sympa au milieu des plateaux tibétains. Mention spéciale pour le thé. Tsedor nous propose d'aller nous balader dans les montagnes pour voir les grottes de Gangya Draker. La vue n'est pas super dégagée mais cela donne une atmosphère mystérieuse au lieu. Nous sommes entourés de centaines de moutons et yaks. On aura même l'accueil d'une marmotte boulimique quasi apprivoisée. Les gens n'arrêtent pas de lui donner à manger. Sur le temps qu'on était près d'elle, elle a eu droit à des biscuits, pommes et même des chiques à la menthe (quelle idée !). On continue. Les enfants sont chauds pour aller dans la grotte. Franchement, il faisait super noir. J'étais contente de voir la barrière nous empêchant d'aller plus loin. Le guide nous a expliqué que cette grotte est super profonde avec des lacs à l'intérieur. Cependant, deux Allemands y auraient laissé leur vie et donc, on ne peut plus y accéder. On marchera encore une petite heure à la découverte des falaises abruptes. Les couleurs de l'automne pointent leur nez. Les locaux et bergers nous font d'énormes sourires. On aura même droit à une danse des aigles et à une petite marmotte sauvage. Sur le retour, Arnaud a même cru voir un ours. Non, ce n 'est pas une blague ...
Nous sommes ici depuis deux jours et que de découvertes déjà. Le stress du départ s'est vite envolé. Nous profitons juste de ces moments. Gilles avait raison : It's now or never !
PS : Merci à Emilie de Travel Stone Asia pour ce début de voyage prometteur !
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Nath M (vendredi, 22 octobre 2021 00:52)
Quel bonheur à chaque lecture � tu nous fais voyager avec vous! C’est juste génial! Merci à tous les 4 pour ce moment dépaysant � les photos sont top top j’ai hâte de lire la suite �
Tania Loultcheff (jeudi, 04 novembre 2021 17:58)
Et une de plus... De région incroyablement merveilleuse... Comme tu l'écris, les débuts sont plus que prometteurs. Quels paysages ��� et une mention spéciale pour la marmotte... Photographiée avant ou après le bonbon / chique à la menthe ?
rebeccakawaii.com (vendredi, 05 novembre 2021 02:00)
J'ai adoré cet article ! Les photos sont magnifiques.. que de beaux souvenirs !
AFA (vendredi, 05 novembre 2021 03:39)
Merci les filles pour vos retours. Ça fait super plaisir. La suite arrive Nathalie. Tania, photo说avant et après la chique à la menthe.
Biz d ici